L’équilibre intestinal

 

En charge de l’assimilation des nutriments, l’intestin est aussi une réserve immunitaire importante et un pôle de millions de neurones en lien constant avec le cerveau. C’est donc loin d’être un organe anodin et ses déséquilibres seraient à l’origine de nombreux troubles

L’équilibre intestinal est complet lorsqu’il y a:

  • une bonne muqueuse intestinale   
  • une bonne flore intestinale
  • un système immunitaire fort.

Si cet équilibre est perturbé alors des pathologies commencent à arriver:

Appareil digestif

Troubles directement liés à la digestion: Inconfort digestif, ballonnements, troubles du transit (diarrhées, constipation chronique, alternance diarrhées/constipations),colites, inflammations intestinales, syndrome de l’intestin irritable… 

Inflammations articulaires: tendinites, troubles ostéo-articulaires, douleurs musculaires chroniques 

Inflammations chroniques et/ou troubles de l’immunité: polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, maladie coeliaque, rectocolite hémorragique, bronchite, asthme, otites, angines, sinusites ou rhinites à répétition, intolérances alimentaires, allergies, eczéma, urticaire…

La liste est longue et non exhaustive, c’est pourquoi il est important de prendre soin de cet équilibre fragile;

Quel est le rôle de la muqueuse intestinale?

             L’intestin grêle est l’organe principal de la digestion. Il est le lieu principal de la déstructuration des aliments et de l’absorption des nutriments. Et son rôle est crucial dans la protection contre les éléments  étrangers et potentiellement dangereux à l’organisme (bactéries, virus, peptides alimentaires, endotoxines…)

L’intestin représente l’équivalent d’un terrain de tennis de plus de 300m2 de surface, formants des plis circulaires, de la partie terminale de l’estomac à l’anus.

Sa muqueuse permet l’échange entre la lumière du tube intestinal (milieu intérieur) et les vaisseaux sanguins grâce aux nombreuses microvillosités. Cette muqueuse est fragile car elle n’a qu’une seule couche de cellules se renouvelant toutes les 36 heures.

Habituellement, elle constitue une barrière mécanique étanche aux micro-organismes contenus dans l’intestin et aux macromolécules.

Une fois le travail des enzymes de la digestion terminé, la muqueuse intestinale va pouvoir laisser passer les différentes familles de nutriments:

  • les vitamines, minéraux et oligo éléments
  • les acides gras et les monoglycérides qui serviront à la construction des triglycérides
  • les acides aminés et les peptides issus de la digestion des protéines
  • les monosaccharides issus de la digestion des glucides (fructose, glucose, galactose)  

Ces nutriments, une fois la barrière franchie, vont circuler dans le sang et servir de structure ou de carburant aux différentes molécules de l’organisme. L’organisme va se servir de ces nutriments pour recréer selon ses besoins d’autres molécules:

  • les phospholipides représentent la structure de base de la membrane cellulaire, y compris des neurones,
  • les protéines constituent la structure des enzymes, neuromédiateurs, hormones, muscles,
  • les triglycérides constituent la source d’énergie la plus concentrée du corps.
  • Les glucides élémentaires passent par le foie où la plus grande partie est stockée sous forme de glycogène (présent dans le foie et les muscles) pour être relarguée dans le sang au fur et à mesure des besoins tout au long de la journée.

Ainsi, l’organisme déconstruit pour reconstruire selon ses besoins.

Nous fabriquons donc nos propres cellules grâces aux aliments que nous ingérons!!!

La flore intestinale ou microbiote:

La flore intestinale est composée de plus de 100 000 milliards de bactéries ou «probiotiques», Il en a été répertorié plus de 1000 espèces différentes. L’intestin héberge 10 fois plus de cellules que nous n’avons de cellules dans l’organisme. 

Bien que la flore intestinale soit constituée principalement par deux grandes familles de bactéries, elle est unique pour chaque individu et différente d’une personne à une autre. Elle constitue ainsi, une véritable empreinte génétique.

Cette flore joue des rôles essentiels:

-Elle soutient notre système digestif en achevant la digestion des aliments par un processus de fermentation des glucides dans le colon droit et un processus de putrescence des protéines dans le colon gauche.

-Elle permet également la synthèse des vitamines du groupe B (notamment la B12 qui est anti-anémique) et de la vitamine K (nécessaire pour la coagulation sanguine).

-Elle produit des acides gras à chaine courte utilisés par le colon

-Elle participe à la régulation du transit et à la digestion du lactose

-Elle participe à la maturation du système immunitaire en produisant des messagers «les cytokines», nécessaires à l’équilibre subtil entre la défense et la tolérance.

Elle a d’ailleurs une activité anti-toxique égale à celle du foie.

Si notre flore dominante se dégrade, elle ne pourra plus assumer ces nombreux rôles ce qui affaiblira notre foie, notre immunité, notre assimilation et notre digestion.

 Ce qui contribue à la dégradation de la flore intestinale:colite

  • Une mastication insuffisante
  • Manger trop rapidement
  • consommer des aliments raffinés
  • consommer une alimentation trop cuite
  • Ne pas consommer suffisamment de fruit et de légumes frais et biologiques
  • Ne pas boire suffisamment d’eau
  • Consommer trop de protéines animales et acidifiantes
  • Consommer des huiles raffinées et hydrogénées
  • Consommer trop de produits laitiers à base de lait de vache
  • Consommer trop d’existants (café, thé, boissons gazeuses comme le coca…)
  • consommer du sucre industriel et des sucreries
  • consommer régulièrement de l’alcool
  • utiliser des médicaments et des antibiotiques de façon exagérée
  • avoir un mode de vie trop rapide et trop stressé

Lorsque la flore se dégrade, l’organisme va progressivement devenir surchargé d’éléments qui lui sont étrangers. Il n’a plus ce dont il a besoin pour bien fonctionner et l’équilibre interne est rompu.

C’est dans ces conditions que vont commencer à proliférer des germes, bactéries, levures, champignons et autres parasites indésirables.

Système immunitaire:

Le tissu lymphoïde abrite plus de 70 % des cellules du système immunitaire.

Les antigènes alimentaires sont les plus importants en volume et représentent environ une tonne par an chez un humain. 

Si un des trois éléments fondamentaux de l’équilibre intestinal est perturbé (une muqueuse agressée, une flore pathogène, un système immunitaire trop sollicité), il peut y avoir hyperperméabilité intestinale, c’est à dire que la muqueuse laisse passer, ce qui normalement devrait se retrouver dans les selles: ces molécules sont reconnues par l’organisme comme étrangères engendrant des réactions inflammatoires ou immunitaires.

Apparaissent alors des troubles auto-immuns intestinaux et extra-intestinaux affectant la peau, les articulations, les tendons, les muscles, la thyroïde, les poumons, le système nerveux… d’où cette liste longue et pourtant non exhaustives de pathologies diverses citées plus haut;

Ce nouveau paradigme suggère que les processus d’auto-immunité sont susceptibles d’être arrêtés en rétablissant la fonction de la barrière intestinale.

Certaines protéines comme celles du lait de vache ou celles du gluten peuvent engendrer une réaction inflammatoires ou/et immunitaire car elles possèdent une structure antigénique forte, déclenchant une réaction de l’organisme.

La réaction immunitaire face à la présence d’une protéine est très variable d’un individu à l’autre. 

Elle dépend de :

  • la prédisposition génétique,
  • la nature et la dose de l’antigène présent,
  • la fréquence d’ingestion,
  • l’âge du premier contact avec l’antigène

Cette réaction est donc avant tout multifactorielle et individuelle.

Une stratégie nutritionnelle, suivie par un professionnel de santé, visera à réduire ou supprimer les troubles fonctionnels, inflammatoires et immunitaires par une éviction ciblée et méthodique de certains aliments sur une période donnée.

La muqueuse intestinale est également souvent nommée « second cerveau »

du fait de la présence de quelques 200 à 600 millions de neurones (soit approximativement le même nombre que celles de la moelle épinière (le cerveau en contient une centaine de milliards) et du nombre de connections nerveuses existant entre le cerveau et l’intestin.

Vingt neurotransmetteurs ont été répertoriés dans le SNE (sérotonine, acétylcholine, noradrénaline …). La sérotonine (l’hormonde de la bonne humeur!) est produite à 95 % dans l’intestin.

SNE= système nerveux entérique (de l’intestin)

Le SNE véhicule un courant permanent de messages entre le cerveau et l’intestin. Il existe donc un axe intestin-cerveau qui contrôle les processus digestifs, le comportement alimentaire, le système immunitaire gastro-intestinal et la réponse au stress, à la douleur ou aux émotions. Ce SNE s’apparente au cerveau, souffrant parfois des mêmes maux. Il est également capable de lui transmettre les siens en générant des émotions. Le stress, ressenti au niveau du SNE, agit directement sur la muqueuse intestinale et provoque la sécrétion de sérotonine. Le SNE serait aussi capable de se souvenir et participerait à la phase de rêves pendant le sommeil en produisant également de la sérotonine.

L’impact de notre équilibre intestinal sur notre santé n’est plus à prouver. A nous d’apprendre les bons gestes pour éviter toute complication.

Quelques conseils pour améliorer l’équilibre intestinal:

  • mastiquer lentement et en conscience 
  • manger dans le calme et la convivialité 
  • consommer des aliments non transformés industriellement et des céréales complètes ou semi-complètes (de préférence sans gluten) 
  • consommer des fruits en dehors des repas (vers 11h et 17h)
  • cuire à basse température, à la vapeur ou à l’étouffée
  • consommer des crudités avant chaque repas et des légumes cuits à chaque repas
  • privilégier les poissons, les œufs bio et les protéines végétales (légumineuses)
  • réduire la consommation de viande rouge et laitages à base de lait de vache
  • privilégier des huiles vierges de première pression à froid non chauffées, surtout omega3 (colza, noix, lin, cameline)
  • consommer du sucre complet (rapadura), du sucre de coco, du sirop d’agave, du sirop de riz ou de la stevia à la place du sucre blanc
  • utiliser les aromates régulièrement comme le persil, thym, ciboulette, romarin, estragon, basilic…
Références:
Dr Georges Mouton: livre «Ecosystème intestinal et santé optimale»
Dr Khadija Moussayer, Spécialiste en médecine interne
David Perlmutter « l’intestin au secours du cerveau »
Julia Enders « le charme discret de l’intestin »
site: santé-et-nutrition